Les Duvalier, 30 ans de règne sur Haïti

Les Duvalier, 30 ans de règne sur Haïti

Les Duvalier père et fils, « Papa Doc » et « Bébé Doc », ont gouverné Haïti d’une main de fer durant près de trente ans.

Voici les principales dates de ce règne jusqu’au retour de Jean-Claude Duvalier, dit « Bébé Doc », en 2011 et décédé samedi 4 octobre

– 1957 : le médecin François Duvalier, dit « Papa Doc », arrive au pouvoir lors d’élections truquées avec l’appui de l’armée. Avant lui, de 1946 à 1956, les présidents Élie Lescot, Dumarsais Estimé et Paul Eugène Magloire ont été successivement renversés par des coups d’État. François Duvalier établit rapidement un régime dictatorial, s’appuyant sur les « Tontons Macoute », sa milice personnelle.

– 1960-1966 : un violent conflit oppose François Duvalier à l’Église. La persécution des hommes d’Église lui vaut d’être excommunié en 1961 par le Vatican.

– 1963 : les États-Unis, qui le soutiennent comme rempart face au régime cubain castriste, lui retirent leur aide, lorsqu’il décide de prolonger son mandat.

– 1964 : François Duvalier se proclame président à vie.

– 1971 : à la mort de son père, Jean-Claude Duvalier, 19 ans, surnommé « Bébé Doc », devient président à vie.

– 1985 : Jean-Claude Duvalier promet une démocratisation et annonce l’organisation d’élections pour 1987, mais l’opposition crie à la « farce ».

– 1986 : confronté depuis la fin novembre 1985 à des manifestations antigouvernementales sans précédent au cours desquelles plusieurs dizaines d’Haïtiens ont trouvé la mort, Jean-Claude Duvalier est chassé par un soulèvement populaire. Il se réfugie en France et l’armée prend le pouvoir. Le père Jean Bertrand Aristide sera élu président en 1990, puis renversé à son tour en 1991.

– 2011 : après un exil de 25 ans en France, Jean-Claude Duvalier choisit le premier anniversaire du séisme meurtrier qui avait frappé Haïti l’année d’avant pour rentrer au pays. « Je suis venu pour aider », avait-il déclaré, à son arrivé à Port-au-Prince le 16 janvier 2011.

– 4 octobre 2014 : Jean-Claude Duvalier décède d’une crise cardiaque avant que son pays ait pu le juger malgré l’ouverture en février d’une enquête pour crimes contre l’humanité par la justice haïtienne.

SOURCE AFP

Les « Duvalier » dans l’histoire d’Haïti : crimes, exécutions et injustice

Le régime de Duvalier père (1957-1971) a mis en place un système dont a profité celui du fils (1971-1986), lequel s’est caractérisé par la violation systématique des droits humains : des prisonniers politiques au « Triangle de la mort », des disparitions aux tueries politiques, des mécanismes de torture sans précédent dont le « djak » en est l’exemple, à la répression de la presse et la liberté d’association.

Si Duvalier a grandi sous l’Occupation américaine, témoin du mépris des Yankees pour la masse et l’élite de descendance africaine, témoin de leur exacerbation du préjugé de couleur en Haïti, cela ne l’exempte pas pour autant de ses exactions envers les Haïtiens de quelque couleur qu’ils fussent. Certains iraient à justifier le duvaliérisme pour « la défense des noirs face aux mulâtres ». C’est ne pas comprendre la dynamique du pouvoir ni l’utilisation du discours coloriste pour embobiner la masse, car tant qu’on se trouve dans les parages, qu’on s’y complaît et jure fidélité, votre race, sera sans doute la meilleure. Si le noirisme, que nous connaissons mal, signifiait un retour aux valeurs africaines, un rejet du christianisme à l’Occidental, l’embrassement d’une sensibilité et d’une esthétique africaine, le duvaliérisme a signé son arrêt de mort du moment qu’il s’est transformé en président à vie avec volonté de réprimer. C’est en se servant même de son idéologie noiriste que Duvalier a su sans doute asseoir son pouvoir.

Dans un État moderne, le gouvernement travaille pour le bien-être de sa population, ne protège pas des amis criminels, n’entrave pas la justice, ne massacre pas ses gouvernants et ses membres ne s’enrichissent pas à ses dépens. Quelles que fussent leurs réalisations, les atteintes gratuites à la vie des gouvernants sont inexcusables et injustifiables. La déchéance du pays trente-trois ans après la chute des Duvalier ne les honore pas.

Contributeur Ayibopost
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