Au début des années cinquante, Port-au-Prince est une ville touristique, avec ses nombreux hôtels restaurants, casinos et boîtes de nuits.
De grands ensembles musicaux fleurissent dans la capitale haïtienne, citons par exemple « L’orchestre Septentrional », « Edner Guignard and his El Rancho Hotel Orchestra » ou le fameux « Jazz des Jeunes ». Leur répertoire est varié et va de la meringue en passant par la musique afro-cubaine ou une musique plus occidentale ; la section rythmique s’inspire la plupart du temps des rythmes vaudou (Ibo, Petwo etc.).
Le kompa (en haïtien : konpa) est un genre musical moderne. Popularisé par le saxophoniste et guitariste Jean-Baptiste Nemours en 1955 (compas direct). L’année 1955 serait la date du début de mise en place du rythme Compas Direct par Nemours Jean-Baptiste, rythme qu’il aurait finalisé en 1957. Nemours Jean-Baptiste aurait présenté au grand public sa formation musicale « Cojunto international » sur la place Sainte-Anne de Port-au-Prince, le 26 juillet 1955 à l’occasion de la fête de la Sainte-Anne.
Depuis, le 26 juillet est considéré pour certains comme étant le jour du Compas. Ce rythme symbolise désormais l’identité musicale de la culture Haïtienne.
Dès son origine, le Kompa est en décalage avec la musique folklorique haïtienne par ses influences, d’autant plus qu’il s’agit d’une musique urbaine dans un pays où la grande majorité de la population habite les campagnes. Il n’y a aucun lien avec le vaudou dans le « Kompa Direct » de Nemours Jean-Baptiste.
Son mouvement est le fruit d’une volonté de renouveau dans la musique haïtienne de l’époque, c’est une musique volontairement positive, légère.
Digital Kompa :
Le format digital, avec l’introduction de la boîte à rythmes dans le Kompa et l’usage prédominant du synthétiseur n’utilise plus de section cuivre (“ligne à vents”), ni même d’une guitare rythmique ou encore des percussions.
1986 ouvre donc, avec Top-Vice, l’ère des groupes dits « digital » avec leur nouveau style, le Kompa nouvelle génération. Top-Vice est un groupe fondamentalement moderne, qui utilise les nouvelles technologies et c’est ce qui fait du Kompa nouvelle génération une sorte de musique techno à l’haïtienne !
Toute une génération de jeunes musiciens vont profiter de cette opportunité pour rafraîchir le Kompa et l’ouvrir à des influences musicales telles que le rap, le hip-hop, le r’n’b, le reggae et le ragga. Il faut aussi souligner l’impact sur le marché antillais du clavier Ansyto Mercier et son groupe Digital Express au début des années 1990.
Nombreux sont ceux qui ont eu du mal à comprendre et à accepter cette révolution au sein du Kompa. Faire du live sans un groupe complet et aller voir un bal animé par seulement quatre musiciens, quelle aberration pour certains ![Source: https://lekiosque.bzh/2018/le-kompa-musique-dhaiti/]
Et pourtant le style a su conquérir une bonne partie de amoureux du Kompa et surtout eu le mérite de renouveler la base de fans de Konpa et d’attirer, aux bals, un jeune public qui ne s’intéressait plus du tout au Kompa.
Renouveau :
En fait, il faut reconnaître que, depuis quelques années, le même processus d’essoufflement qu’a connu le Konpa ancienne génération, a touché la nouvelle génération (ou kompa digital) au point que les groupes composant cette dernière tentent de renouer avec les instruments organiques abandonnés par le passé comme les cuivres, et les percussions. C’est le cas de T-Vice et d’autres jeunes groupes de la nouvelle génération. On notera les diverses incursions de Wyclef Jean dans le Konpa, en particulier avec des groupes comme Sweet Micky.
« La nouvelle vague de la musique haïtienne » met en lumière un savant mélange entre l’expérience des anciens et le talent des jeunes. Une lumière qui capte de plus en plus l’attention des fans du Konpa dans les Caraïbes en général, et dans les Petites Antilles.