Le Bumidom #1jour1post #jour37 #notrehistoirecommune

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Le Bureau pour le développement des migrations dans les départements d'outre-mer, ou Bumidom, fut un organisme public français chargé d'accompagner l'émigration des habitants des départements d'outre-mer vers la France métropolitaine. Fondé en 1963, il disparaît en 1981 pour céder la place à l'Agence nationale pour l’insertion et la protection des travailleurs d’outre-mer (ANT), renommée Agence de l'outre-mer pour la mobilité ou LADOM depuis 1992.

Le Bumidom a été créé en 1963 par Michel Debré à la suite d'un voyage effectué à La Réunion en 1959 avec le général de Gaulle. Ses statuts sont publiés au Journal officiel de la République française le 7 juin de cette même année1. Ils précisent que « la société a pour objet de contribuer à la solution des problèmes démographiques intéressant les départements d'outre-mer. » Société d'État dotée de la personnalité civile et de l'autonomie financière, le Bumidom est placé sous la tutelle du ministère des DOM-TOM et du ministère de l'Économie. Ses missions sont multiples : information des futurs migrants, formation professionnelle, regroupement familial, gestion des centres d'accueil.


Le Bumidom était également vu comme un moyen de diminuer l'influence des mouvements indépendantistes antillais qui, dans les années 1960, se renforçaient
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La migration d’individus souvent jeunes permet de couper les mouvements indépendantistes de leur base supposée. Le contexte est celui des Trente Glorieuses en métropole, plein emploi, apogée de la société salariale, tandis que la situation des DOM reste bien plus dégradée. Ce projet s’inscrit dans la continuité de projets antérieurs qui envisageaient le déplacement de populations des Antilles en Guyane ou de La Réunion à Madagascar. Il rassemble réseaux gaullistes (hommes politiques hexagonaux ou élites issues des DOM), hauts-fonctionnaires, souvent anciens préfets, militaires, experts au profil technocrates. Il s’agit pour la France de la gestion inédite d’une migration : par sa durée, par son encadrement, par les moyens, même si d’autres formes d’encadrement des migrations ont existé, notamment à travers les foyers de travailleurs.

 


Au départ, le Bumidom n'était qu'un prolongement du Bureau du développement de la production agricole par ailleurs occupé par la Sakay, une enclave construite par des immigrés réunionnais à Madagascar à compter de 1952. Bon nombre des postes clés en son sein ont été tenus dès sa création par des anciens du BDPA En outre, beaucoup de départs de jeunes Réunionnais vers la métropole se fera via l'enclave. Ils y recevront au préalable une remise à niveau pour cause d'illettrisme.



Le Bumidom s'installe d'abord rue du Faubourg-Saint-Honoré à Paris, dans un appartement de six pièces dont la salle de bains sera transformée en accueil. La première antenne régionale sera par la suite créée à Cannes. D'autres suivront, notamment au Havre ou à Nantes. Cette dernière sera remplacée en 1959 par un centre ouvert à Dieppe. Les autres seront remplacées par de nouvelles antennes à Rouen et Marseille, le dernier centre ouvrant en 1973. Par ailleurs installé à Crouy-sur-Ourcq en 1965 et Simandres en 1968, le Bumidom se rapproche ainsi des portes d'entrée des migrants en métropole. À Paris, le Bureau finira par acquérir l'ancienne ambassade de Pologne en France, rue Crillon.

Les interventions du Bumidom sont à l'origine d'autres entités, comme le Comité national d'accueil et d'actions pour les Réunionnais en mobilité (CNARM) créé en 1965 pour aider les Réunionnais à trouver un travail en métropole4.

 

 

L’action du BUMIDOM concerne non seulement l’organisation des voyages des migrants vers l’hexagone mais aussi des activités sociales : prêts, aides au logement, formations, voyages-vacances. Le BUMIDOM dispose d’antennes locales dans les DOM et dans des villes de métropole. Il s’appuie sur des associations dédiées à une action sociale et culturelle : le Comité d’action sociale en faveur des originaires des départements d’outre-mer en métropole (CASODOM), créé avant le BUMIDOM, en 1956, l’Amicale des Travailleurs antillo-guyanais (AMITAG, 1964) et le CNARM (Comité national d’accueil et d’actions pour les Réunionnais en mobilité, 1965). Ces associations bénéficient de subventions publiques et d’aides du BUMIDOM. Un partage des rôles s’opère entre ces associations dirigées par des élites d’origine domienne, souvent proches des réseaux gaullistes, et le BUMIDOM dirigé par des hauts-fonctionnaires, notamment des anciens préfets.

Le nombre de migrants passés par le BUMIDOM s’élève, en vingt ans, à près de 200 000 ce qui, rapporté à la population des DOM au début des années 1960, constitue un chiffre très important (en 1961, il y a 283 000 habitants en Guadeloupe, 292 200 en Martinique, 350 000 à La Réunion). Au même moment cependant, le nombre de migrants dits « spontanés » qui ne passent pas par l’entremise du BUMIDOM, est quasi-équivalent. L’opposition ou le soutien à la migration organisée représentée par le BUMIDOM a largement structuré l’espace politique aux Antilles dans les années 1960 et 1970 et a eu des implications à La Réunion. Les mouvements autonomistes et indépendantistes, politiques ou syndicaux, ont dénoncé le BUMIDOM accusé de ponctionner les forces vives de leurs nations.

En 1982, le gouvernement socialiste a supprimé le BUMIDOM, le transformant en Agence nationale pour l’insertion et la protection des travailleurs d’Outre-mer (ANT), dont les missions différaient sensiblement, orientées vers les politiques d’insertion de la population domienne présente en métropole et non plus vers la migration.

 

Un traitement spécifique des migrations d’outre-mer : le BUMIDOM (1963-1982) et ses ambiguïtés. Sylvain Pattieu

 

 Le Bumidom a été remplacé par l'Agence nationale pour l'insertion et la promotion des travailleurs d'Outre-mer en 1982, à la suite de l'arrivée de la gauche au pouvoir. Entretemps, il a procédé au déplacement de milliers de personnes vers Paris et la province française. Certaines personnes disent que les conditions d'accueil des migrants n'étaient pas celles qui leur avaient été présentées lors de leur départ.

Le programme mis en place par Michel Debré pour contribuer au repeuplement de la Creuse par la « déportation » d'enfants Réuionnais en échange de promesses d'avenir qui a depuis fait scandale a été porté par le Bumidom. Cette affaire est connue sous le nom des enfants de la Creuse. De 1963 à 1982, 1 630 enfants réunionnais ont été arrachés à leur île natale et envoyés, pour la plupart, dans la Creuse et en Lozère. Le scandale éclate le 30 janvier 2002, lorsque Jean-Jacques Martial, un Réunionnais exilé en 1966, dépose plainte pour « enlèvement et séquestration de mineur, rafle et déportation ».

Aussi, celui-ci a été systématiquement dénoncé à compter du milieu des années 1970 dans la littérature et la musique réunionnaise. On trouve ainsi une critique du Bumidom dans l'ouvrage Zistoire Kristian, roman collectif paru en 1977. On en trouve d'autres dans les chansons de Danyèl Waro, un chanteur de maloya sur l'île qui fut lui-même emprisonnée en métropole à la suite de son refus de faire son service militaire.

 Source OUEST FRANCE

 

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